Les approches innovantes
Partage des connaissances
Le partage de connaissances et l’apprentissage par l’échange d’expériences sont des piliers majeurs des programmes de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent financés par l’UE.
La salle de conférences en périphérie de Genève a été transformée en « melting pot », où bouillonnent d’idées les acteurs (ou praticiens) de la prévention et de la lutte contre l’extrémisme violent qui viennent tout droit du Bangladesh, du Kenya, du Kosovo, du Mali et du Nigeria pour partager connaissances et expériences. Elle abrite le forum du Fonds mondial pour la mobilisation et la résilience communautaire (GCERF), un événement pédagogique annuel organisé par ledit Fonds, qui n’est autre qu’une organisation internationale dédiée à la prévention de l’extrémisme violent. Le programme du forum évolue chaque année, mais sa mission reste la même : partager les leçons apprises sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent à partir des expériences des acteurs sur le terrain. « Nous avons eu la possibilité d’échanger avec un groupe de personnes extraordinaires qui font un travail incroyable à l’échelle internationale », explique un participant originaire du Kosovo. « Ces échanges nous permettent de découvrir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, mais également d’apprendre que le Kosovo et le Mali partagent des similarités culturelles auxquelles je n’aurais jamais pensé. »
Le partage de connaissances et l’apprentissage par l’échange d’expériences sont des piliers majeurs des programmes financés par l’UE, tels que l’action STRIVE Global du GCERF. D’autres initiatives visent également à renforcer la base de connaissances sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent, par l’intermédiaire de séances de partage de connaissances interrégionales, comme celles organisées entre le Thailand Country Office du PNUD et le Bangladesh Peace Observatory, ou encore par le PNUD en Thaïlande sur l’échange de connaissances régionales en matière de paix durable et de renforcement de la cohésion sociale. Dans le même esprit, les deux actions STRIVE Corne de l’Afrique et STRIVE Kenya ont conduit à la publication de rapports sur les « leçons apprises », lesquels se penchent sur les réussites du programme et les améliorations à apporter, et ce, dans l’optique d’inspirer d’autres acteurs et de s’assurer que les interventions à venir soient une réussite.
L’engagement du GCERF en faveur de l’échange de connaissances couvre l’ensemble des pays dans lesquels il est actif. À l’échelle nationale, des comités de pratique biannuels rassemblent des bénéficiaires locaux avec des représentants du gouvernement, des donateurs, des organisations de la société civile et du secteur privé pour discuter des problématiques et des activités actuelles. Les sujets à traiter varient, des méthodes destinées à mesurer les résultats du programme, à l’intégration dans les différentes politiques des questions d’égalité entre les hommes et les femmes, en passant par la communication des récits alternatifs. « C’est l’occasion de partager ce que nous avons appris et de nouer des liens forts entre les acteurs impliqués dans ce travail », souligne Kevin Osborne, responsable pays au sein du GCERF. Et ces relations perdurent au-delà des réunions physiques. Au Kenya, par exemple, les participants du comité de pratique ont formé un groupe WhatsApp sur lequel ils échangent les dernières nouvelles et du contenu pertinent.
Pour les intervenants actifs sur le terrain, ces échanges peuvent revêtir une valeur inestimable. Grâce au partage des leçons apprises, d’autres peuvent identifier les erreurs à éviter et opter pour une approche plus adaptée. En outre, des occasions de collaborer peuvent se présenter en cas de manque de connaissances ou de ressources que d’autres peuvent combler. Ces derniers mois, loin d’être freinés par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19, les comités de pratique du GCERF locaux se sont transformés en réunions internationales virtuelles – un nouveau format propice aux échanges plus fréquents avec un nombre accru de participants aux quatre coins du monde, parfait pour créer un sentiment de communauté pour les acteurs de la prévention et de la lutte contre l’extrémisme violent en ces temps difficiles.
« Étant donné que la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent constituent des domaines relativement nouveaux dans bon nombre de pays, les connaissances peuvent manquer au sein des entités gouvernementales et des ONG locales. »
L’organisation Hedayah, dans le cadre de l’action STRIVE Global, financée par l’UE, a opté pour une autre voie en vue de partager les connaissances de sa communauté, en publiant un a programme de formation sur la lutte contre l’extrémisme violent, disponible gratuitement comme ressource à destination des acteurs dans le domaine. « Étant donné que la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent constituent des domaines relativement nouveaux dans bon nombre de pays, les connaissances peuvent manquer au sein des entités gouvernementales et des ONG locales quant à la définition du phénomène et aux approches à utiliser pour la prévention », explique Irene Belmonte, responsable du programme STRIVE Global. « Le programme a été conçu pour présenter à ces acteurs les principaux concepts et les meilleures pratiques. » Composée de 10 modules, la publication couvre l’ensemble du travail de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent : de la compréhension des moteurs d’extrémisme violent au rôle de l’éducation et des médias, en passant par la collaboration avec des groupes composés notamment de femmes et de jeunes. Accompagnée par un guide d’animation, elle prône une approche pédagogique participative, et encourage les acteurs à proposer des solutions parfaitement adaptées au contexte spécifique. Conçue pour être utilisée dans n’importe quelle région du monde, elle a été initialement rédigée à destination des régions de l’Asie centrale ainsi que du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Des projets pilotes se sont tenus en Jordanie et au Kirghizistan, tandis que le programme a également été lancé auprès de représentants du gouvernement au Turkménistan. Le texte est désormais disponible en anglais, en russe et en arabe.
Le programme peut potentiellement avoir des répercussions considérables sur le terrain, avec une amélioration de la capacité des organisations locales à s’impliquer dans le travail de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent. « Lorsque nous avons lancé le programme STRIVE Global, la majorité des organisations soutenues financièrement par l’UE n’avaient encore jamais travaillé sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent. Toutefois, elles avaient une expérience étendue en matière d’échanges avec les jeunes, les femmes et les groupes vulnérables. Elles pouvaient facilement accéder aux communautés qui leur faisaient confiance, il ne leur manquait donc plus que des connaissances spécifiques en matière de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent. Au moment de leur présenter ce thème, le programme nous a aidés à voir comment utiliser leur expertise pour prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent », explique Mme Belmonte. C’est l’exemple parfait qui prouve que le partage de connaissances peut permettre d’acquérir encore plus de connaissances, grâce aux savoirs locaux et au soutien des activités pertinentes sur le terrain.